Je suis sûr que certains d’entre vous se souviennent encore de l’époque où nous allions dans un magasin de logiciels et achetions une douzaine de licences, par exemple de Microsoft Office, chacune dans une boîte avec un CD ou un DVD pour le code et un joli hologramme destiné à matérialiser la licence réelle d’utilisation du logiciel.
À l’époque, pour avoir accès à un ensemble de fonctionnalités souhaitées, il fallait payer d’avance un montant forfaitaire élevé, que nous appelions « prix d’achat ». Et, d’ailleurs, comme de nombreuses fonctionnalités différentes étaient regroupées (pour faciliter le conditionnement et la gestion des produits), vous vous retrouviez avec un ensemble dont vous n’aviez pas vraiment besoin.
Cette approche ne correspondait pas aux produits de « propriété intellectuelle ». Elle était en fait dérivée du monde « matériel ». En effet, lorsque vous achetez une table, vous payez d’avance le prix d’achat, vous prenez livraison d’un objet physique et vous le possédez complètement et clairement, sans autre attente de la part du vendeur (je passerai ici la notion de garantie, qui ne retarde le processus que d’un an ou deux). Cette table sera utilisée telle quelle pendant des années.
De nos jours, pour avoir accès à un ensemble de fonctionnalités, vous devez vous abonner à un service qui vous fournira ce que vous voulez. Parfois (mais de moins en moins au fil du temps…), vous téléchargez un logiciel que vous devez ensuite mettre à jour régulièrement.
Comme vous le voyez, vous n’achetez plus un logiciel mais vous vous abonnez à un ensemble de fonctionnalités/services qui vous obligent parfois à télécharger certains logiciels.
Ce n’est pas du tout la même chose ! Cela correspond beaucoup mieux à vos besoins (Sérieusement, avez-vous jamais eu le sentiment profond que vous deviez posséder un logiciel ? J’imagine que non…), mais aussi à la nature de ce qui vous est proposé. Vous souhaitez avoir quelque chose qui fonctionnera à chaque fois que vous en aurez besoin, même si votre besoin change légèrement (nouveau téléphone, nouvel ordinateur) et la valeur qu’il vous apportera se matérialisera également chaque fois que vous l’utiliserez.
Autrefois, le code « Microsoft Word » que vous achetiez restait le même tant que vous le possédiez. Et, en raison des prix élevés des nouvelles versions, vous vous en teniez généralement à l’ancienne pendant bien plus longtemps qu’il n’était raisonnable, vous privant ainsi de nouvelles fonctionnalités très importantes.
De nos jours, il ne se passe guère de semaine sans une mise à jour importante des outils que nous utilisons. Il suffit de regarder votre smartphone et la fréquence à laquelle il reçoit des mises à jour pour une application donnée.
La nouvelle norme consiste à considérer les technologies de l’information comme un service auquel vous vous abonnez et que vous avez à votre disposition chaque fois que vous en avez besoin.
Les auteurs de logiciels investiront dans le développement du produit initial et récupéreront ensuite leur investissement grâce à des abonnements qui couvriront l’amortissement de l’investissement initial, la fourniture d’une assistance technique et la mise à jour de la solution logicielle afin de la maintenir à jour.
Ce modèle commercial aligne vos intérêts et les leurs : ils ont tout intérêt à vous offrir des services constants de haute qualité et à améliorer régulièrement leur plateforme pour la maintenir à jour par rapport au marché. S’ils y parviennent, ils auront un grand nombre de clients qui les aideront à récupérer rapidement leur investissement.
Mais ce modèle d’entreprise est également conforme à vos intérêts !
En effet, vous devez maintenant le considérer comme un « coût d’exploitation », un « coût récurrent », et NON comme un « investissement » et un « amortissement ».
La bonne nouvelle est que de plus en plus de donateurs sont conscients de l’importance d’une infrastructure informatique adéquate, non seulement pour la réussite de vos projets, mais aussi pour la mesure de l’impact et pour tirer les leçons des résultats. Ainsi, tout comme vous imputez les coûts de carburant associés au projet à son budget, vous pouvez maintenant inclure le coût d’opération et d’entretien de l’infrastructure informatique nécessaire pour mener à bien votre projet.
Ainsi, non seulement vous n’aurez pas à chercher des fonds d’investissement (généralement très difficiles à trouver), mais vous pourrez de plus en plus prendre en compte les coûts récurrents de cette infrastructure dans le budget du projet.